Un regard extérieur

Un regard extérieur

Courte ou longue, personnelle ou professionnelle, individuelle ou collective, vous me racontez une histoire, je l’écris. La plupart du temps, c’est ce qui se passe. Mais il arrive aussi que je sois sollicitée pour accompagner un projet d’écriture ou pour relire et commenter un texte, sur la forme et/ou sur le fond. A cet égard, je voudrais mettre en évidence deux types de développements susceptibles de donner de la profondeur à votre histoire.

Sur un axe vertical, il s’agit d’inscrire votre récit dans l’histoire familiale. « Nous ne tombons pas du ciel mais poussons sur notre arbre généalogique », dit justement Nancy Huston. En revisitant l’histoire de votre famille sur plusieurs générations, vous pouvez développer une meilleure compréhension de vos origines, identifier des répétitions, des thèmes récurrents, des zones d’ombres, des non-dits, et choisir, le cas échéant, de rompre avec un cercle non vertueux. Il arrive fréquemment qu’une naissance ou une mort joue un rôle déclencheur dans ce travail particulier de recherche et sa mise en forme littéraire. Parmi les auteurs célèbres, citons par exemple le roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette, « La femme qui fuit ». « Il fallait que tu meures pour que je commence à m’intéresser à toi », dit l’auteure en parlant de sa grand-mère maternelle qui s’est isolée de sa famille et a abandonné ses enfants alors qu’ils étaient tout jeunes. Je pense également à « Rien ne s’oppose à la nuit », dont le projet s’est imposé à Delphine de Vigan après le suicide de sa mère. « Je voulais revenir à l’origine des choses », écrit-elle, « et que de cette quête, aussi vaine fût-elle, il reste une trace. »

Sur un axe « horizontal », vous pouvez donner de l’épaisseur à votre récit en cherchant un écho aux expériences qui ont marqué votre vie, quelles qu’elles soient. Une enfance difficile ou privilégiée, une expérience particulière des genres ou de la parentalité, un handicap, une maladie, la description d’un univers ésotérique, fermé, l’appartenance à une classe sociale, un milieu professionnel aux codes particuliers, un choc culturel, la perte d’un être cher, la fortune ou la pauvreté. Ses sujets, universels, se déclinent de manière unique dans votre histoire, faite d’épreuves singulières et de virages inattendus. Biographies, interviews, documentaires, blogs, romans, films : d’autres personnes se sont-elles exprimées sur une expérience similaire ? Dans votre récit, vous partagez une expérience de vie, vous levez un voile, vous sensibilisez, vous formulez un message personnel. Si vous faites référence à d’autres expériences que la vôtre, par exemple en ajoutant des extraits de témoignages dans lesquels vous vous retrouvez, la portée de votre message s’en trouvera renforcée.

Ainsi, un regard extérieur sur votre texte peut être utile pour augmenter ses chances de rencontrer son public, que celui-ci se limite à la sphère privée ou qu’il s’étende au grand public. La forme intervient sur un plan secondaire. « N’essayez pas d’écrire bien », dit Pierre Lemaitre, « l’écriture, c’est de la réécriture ». C’est aussi sur ce volet que je peux vous aider : pour améliorer l’expérience du lecteur, en simplifiant certaines tournures, en veillant à la concordance des temps, en effaçant les réflexes du langage oral, en réorganisant l’ordre des idées, en retravaillant les transitions.

Et vous ? Qu’est-ce qui vous pousserait à écrire l’histoire de votre vie ? Pourquoi écririez-vous ? Et pour qui ?

Melanie