En pratique

Comment ça se passe ?

Chaque mission s’articule autour de trois moments clés : préparation, entretien et création du texte.

1. Préparation

La préparation est particulièrement importante lorsque le narrateur n’est pas à l’initiative de la démarche. C’est le cas si vous me demandez de recueillir le récit d’un parent ou d’un proche. Se raconter n’a rien d’anodin. Cette perspective peut susciter de la réjouissance, de l’enthousiasme, mais aussi des craintes ou de la gêne. « En quoi ma vie est-elle intéressante? », « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter? », « Qui est celle à qui je vais raconter ma vie? »…

Préparer l’entretien ne peut se faire sans votre aide. Il s’agit d’abord de répondre à toutes les questions que la personne se pose. C’est expliquer pourquoi le projet vous tient à cœur, c’est rassurer, mettre en valeur, éventuellement proposer des sujets, des bribes d’histoires à dérouler, montrer des exemples de récits (voir notamment la page « extraits »). C’est aussi me transmettre des éléments de contexte, des pistes, des points de repère, des anecdotes qui pourront servir d’entrées en matière ou de relances. Finalement c’est créer, ensemble, les conditions d’une rencontre agréable dans une atmosphère détendue et amicale.

2. Entretien

Après la préparation vient l’entretien. Celui-ci implique une rencontre physique ou virtuelle dont les modalités (date, heure, lieu, canal) sont fixées avec le narrateur. Qu’il s’agisse d’un rendez-vous unique ou d’une série de rencontres, la création d’une relation de confiance est primordiale. Le narrateur est libre d’aborder les sujets qu’il souhaite, au moment où il le souhaite. Je suis là avant tout pour écouter. Il n’est pas toujours nécessaire de poser des questions, même si j’y suis préparée.

Pendant l’entretien, je prends des notes, j’enregistre. D’un rendez-vous à l’autre, je propose parfois à mon interlocuteur de « faire » quelque chose pour préparer l’entretien suivant : méditer quelques questions notées sur un papier, parcourir un vieil album photo, compléter un portrait chinois… Au fil des rencontres, une intimité se crée entre le narrateur et moi. Ainsi, ce n’est pas seulement l’étendue des sujets à explorer qui s’élargit, mais aussi la possibilité de les aborder avec sensibilité, profondeur et nuance.

3. Création du texte

Après chaque rendez-vous, j’écris chez moi, à partir de mes notes. Si nécessaire, j’écoute l’un ou l’autre passage de l’enregistrement. Ecrire est bien plus que transcrire mot pour mot les propos recueillis en entretien. C’est créer, en restant fidèle au narrateur, un texte qui raconte une histoire, un texte qui donne envie d’être lu. Il faut choisir les mots, les tournures, composer, souligner, mettre en lumière, exprimer des émotions avec justesse et délicatesse. Chaque phrase a son importance. Je soigne beaucoup le contenu, mais aussi la forme. Un beau texte demande une belle « robe », un titre, une couverture, une introduction, une conclusion.

Lorsque la mission s’étale sur plusieurs entretiens, le travail de structuration est important. Il faut organiser le récit selon un ordre chronologique ou thématique, créer des chapitres, veiller aux articulations, à la progression narrative des différentes « pièces » et de l’ensemble. A titre indicatif, à partir d’un entretien de deux heures, je crée un texte qui prend la forme d’un livret A5 d’une petite vingtaine de pages. Selon les envies, on peut y voir un produit fini ou un point de départ, un peu comme les grandes lignes d’un paysage ou les couleurs dominantes d’une aquarelle à poursuivre. En effet, le livret peut s’embellir de photos, de dessins, de recettes de famille… De textes personnels, aussi. Il se pourrait que nos rencontres déclenchent, stimulent ou libèrent une nouvelle plume, celle du narrateur ou d’un lecteur…